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Bilan 2009-2014 des prospections dans le patrimoine bâti de Picardie

Publié le 15 septembre 2014 par Lucie Dutour

En 2009 a été lancé le 2ème plan d’actions national en faveur des chiroptères. Dans ce cadre, Picardie Nature, structure animatrice du plan pour la Picardie, a engagé une action devant améliorer les connaissances des colonies de parturition dans le patrimoine bâti. En effet, depuis plus de 20 ans les prospections et suivis de sites d’hibernation menés par les bénévoles du réseau chauve-souris ont permis d’avoir une bonne connaissance régionale des espèces cavernicoles et de leur gîtes d’hibernation. Cet investissement a donné ses fruits et à ainsi permis la protection de nombreux sites d’hivernage.
À contrario peu de sites d’estivages étaient connus en 2009 et il était nécessaire d’améliorer la pression de prospection et la protection des sites de parturition, période cruciale dans le cycle de vie des chiroptères.
C’est pourquoi ces 6 dernières années, un stagiaire prospecte une quarantaine de bâtiments par an en période estivale à la recherche d’indices de présence de chiroptères. Cette pression de prospection accrue a fortement contribué à améliorer le nombre de colonies connues de 50 % en 6 ans (76 colonies connues en 2009 contre 157 en 2014).

Il a été choisi d’orienter les prospections dans un premier temps au niveau des grandes vallées picardes susceptibles d’être attractives pour les chiroptères :
- 2009 : vallée de l’Aisne
- 2010 : vallée de la Bresle
- 2011 : Haute vallée de l’Oise et bocage thiérachien
- 2012 : vallée du Thérain
- 2013 : vallée de la Somme
- 2014 : Moyenne vallée de l’Oise

En effet, ces vallées sont souvent des cœurs de nature où les chiroptères trouvent facilement des territoires de chasse favorables et des corridors non fractionnés facilitant leurs déplacements saisonniers et journaliers. C’est pourquoi nous avons ciblé les vallées favorables où les colonies de femelles gestantes et allaitantes pourront optimiser leurs déplacements entre leur gîte et leur territoire de chasse.

  • Espèces découvertes Une dizaine d’espèces de chauve-souris picardes peuvent s’installer en colonie estivale dans les bâtiments :

7 de ces espèces sont en liste rouge. Ces dernières privilégient les grands combles où les femelles peuvent se suspendre. C’est pourquoi les prospections de bâtiments avec combles apparents ont été réalisées en priorité pour cibler la découverte de ces espèces se regroupant en grappe.

carte 1 : Bâtiments prospectés durant les stages estivaux de 2009 à 2014

Sur les 372 bâtiments visités, 75 (20%) accueillaient des chiroptères en estivage. 10 espèces (ou groupe d’espèces) sur les 11 potentiellement présentes dans le bâti en Picardie ont été observées dans les bâtiments depuis 2009. Seule la Barbastelle, exceptionnelle dans notre région, n’a pas été contactée.

carte 2 : Colonies découvertes durant les stages estivaux de 2009 à 2014

Après les pipistrelles, l’espèce la plus rencontrée dans les bâtiments est l’Oreillard gris. Les effectifs rencontrés pour cette espèce sont toujours restreints (12 individus au maximum). La présence d’une quantité importante de guano éparpillé dans tout le comble trahit en général plus facilement la présence d’une colonie.
Vient ensuite la découverte de nombreux gîtes de Petit rhinolophe (10 colonies et 4 bâtiments de transit) concentrés dans le cœur de population de l’espèce en Picardie (Compiegnois, Soissonnais). La colonie découverte la plus au nord de ce cœur de population se trouve en Moyenne vallée de l’Oise à Manicamps, secteur très favorable mais encore mal connu pour les chiroptères.
3 colonies de murins du groupe moustaches/alcathoe/brandt ont été découvertes dans des bâtiments à toitures en ardoises (1 école, 1 église et 1 moulin). Ces découvertes ont permis d’augmenter d’1/3 le nombre de colonies recensées pour cette espèce bien connue en période d’hibernation mais pour laquelle nous manquions d’informations en estivage. La colonie la plus importante abrite une trentaine d’individus dans les combles d’un moulin en vallée d’Authie.
Le Murin à oreilles échancrées a été contacté dans 4 bâtiments de la Somme, département où se concentre la majorité des données. Néanmoins, des individus ont également été notés dans deux autres bâtiments en vallée de l’automne (Vez) et sur le secteur de la forêt de Saint-Gobain.
Les gîtes fréquentés par les colonies sont pour une majorité des combles sous ardoises à l’exception des gîtes de pipistrelles qui peuvent choisir invariablement des toitures en ardoises ou en tuiles.
En revanche, les individus isolés semblent moins exigent sur ce critère n’ayant pas de progéniture à élever dans des conditions thermiques idéales. On remarquera néanmoins une préférence pour les toitures en ardoises, en particulier pour le Petit rhinolophe qui n’a jamais été retrouvé sous tuiles. Cependant le cœur de population de l’espèce se trouve dans un secteur architectural où l’ardoise est une dominante choisie pour les toitures.
En revanche les individus isolés de Murins à oreilles échancrées ont tous été découverts dans des bâtiments à toitures en tuiles.
La présence de toiles d’araignées dans les combles semble être un critères négatifs d’installation de colonies ou d’individus isolés pour l’ensemble des espèces. Seul 1 cas de présence d’un oreillard isolé a été noté en présence de nombreuses toiles dans une église.

Un grand merci à Cassandre Bompay, Benjamine Faucon, Loic Pierret, Charline Gloaguen, Angélique Bazire, Romain Dessailly, Kathryn Derrick et Alexis Gallay pour leur investissement sur le terrain.
Merci également à l’ensemble des bénévoles qui se sont mobilisés pour aider les stagiaires sur le terrain et dans leur travail de recherche et de rédaction.


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