Par Romain Dessailly
J’ai eu l’occasion de réaliser ce stage au sein de Picardie Nature dans le cadre de ma formation du Master.
Depuis de nombreuses années, l’association Picardie Nature et le Conservatoire d’Espace Naturels de Picardie œuvrent ensemble pour l’amélioration des connaissances concernant les populations de chauves souris dans notre région. Suite au lancement en 2009 du plan d’actions régional en faveur des chiroptères, un accent tout particulier a été mis quant à la recherche des colonies estivales de mise-bas dans le patrimoine bâti Picard. Cette année, je continue donc cette action afin d’en apprendre plus sur les chauves souris de notre région. Celle-ci s’inscrit plus particulièrement dans une étude lancée en 2013 concernant les enjeux et la fonctionnalité du territoire d’Amiens Métropole pour les chiroptères.
Suite à une analyse théorique des secteurs à enjeux potentiels menée au printemps, ma mission consistait à enrichir ce modèle théorique avec des nouvelles données de terrains collectées en période estivale.
Pour ce faire, ce stage s’est déroulé en deux parties majeures : la partie prospection qui consistait à prendre contact avec les communes, les propriétaires ou les administrations afin de visiter les combles des bâtiments ciblés sur le territoire, de faire ces visites afin de constater la présence de chauves-souris ou d’indices de présence. Cela est aussi passé par la pose d’affiches en mairie et dans les magasins afin de sensibiliser le public et par la rédaction d’un article à destination des journaux locaux. La deuxième partie consistait à faire des écoutes de nuit grâce à un détecteur à ultrasons afin de connaître les espèces chassant sur le territoire, permettant d’approfondir les connaissances sur les terrains de chasse. Pour ce faire, j’ai prospecté l’ensemble des bois et forêts du territoire afin de caractériser plus finement leur potentiel, aussi bien en tant que terrain de chasse que dans leur capacité d’accueil en terme de gîtes arboricoles propices aux chauves souris (prise du diamètre, de la taille, du type de boisement, recherche de cavités arboricoles …). Cette étape m’a permis ensuite de placer les points d’écoute dans les secteurs les plus propices du territoire d’étude.
Ainsi la caractérisation de 19 bois et forêts m’a permis de mettre en place 23 points d’écoute sur l’ensemble du territoire. Cela m’a permis, grâce à des points d’écoute de 30 min, de repérer 11 espèces sur les 21 présentes dans notre département. Ce résultat pourrait s’avérer plus élevé de par la difficulté de l’identification du genre Myotis au détecteur. Les 11 espèces rencontrées sont : la Pipistrelle commune, la Pipistrelle de Kuhl, la Pipistrelle de Nathusius, la Sérotine commune, la Noctule commune, la Noctule de Leisler, l’Oreillard gris, l’Oreillard roux, le Murin de Brandt/Beichstein, le Murin de Daubenton et des Murins indéterminés.
En ce qui concerne les prospections, ce fut une tâche bien plus ardue, devant jongler entre les appels, les mails, les courriers et les visites afin de pouvoir prospecter les bâtiments sélectionnés. Certaines communes et les propriétaires privés restent sur leurs gardes pour des problèmes de sécurité au niveau des bâtiments. De plus, la recherche dans des bâtiments spécifiques (bâtiments avec de grands combles, sombres, chauds, avec une toiture en ardoise, …) restreint les prospections. Cependant, 27 communes sur 41 contactées m’ont répondu positivement afin de visiter les bâtiments communaux (École, Mairie, Église…). Ainsi la prospection du territoire m’a permis de visiter 61 bâtiments. 91 bâtiments ont dû être mis de coté à cause de l’accès aux combles impossible ou du refus des propriétaires. Cela nous a permis de trouver 6 colonies sur le territoire et 16 bâtiments avec des indices de présence plus ou moins récents (tas de guano, restes de repas…).
Les colonies trouvées sont :
1 Oreillard indéterminé visible accroché à la poutre faîtière dans les combles de l’école de Blangy-Tronville. Ne pouvant malheureusement pas accéder à l’ensemble des combles, je ne sais pas si d’autres individus s’y cachaient. D’après le tas de guano, il ne serait probablement pas seul.
4 Pipistrelles indéterminées se cachaient dans un atelier communal à Sains-en-Amiénois dans un petit bâtiment sans combles, avec un toit en tôle, ce qui s’écarte légèrement de nos bâtiments recherchés. Sachant que les Pipistrelles sont des petites chauves-souris, il n’est pas étonnant de les retrouver dans des fissures ou cavités. Elles se trouvaient dans le mur composé de lattes en bois.
5 Murins à moustaches dormaient paisiblement dans les combles d’un bâtiment administratif du Lycée agricole du Paraclet. Elles se cachaient dans la moindre fissure et cavité de la poutre faîtière et entre les ardoises et les chevrons. Le tas de guano éparpillé le long des combles laisse à penser qu’une colonie est fort probable au sein de ce comble mais les individus sont trop discrets pour se laisser voir.
Une colonie de 12 Oreillards indéterminés est installée dans les grands combles de l’église de Boves. Du guano était visible dès l’arrivée dans les escaliers pour monter aux étages supérieurs ainsi qu’un individu m’observant en étant accroché au plafond. Les 11 autres chauves-souris volaient nerveusement au fond des combles, dans une partie en pierre qui conduit vers les étages inférieurs, permettant d’apporter l’aération et la fraîcheur nécessaire en cas de grande chaleur.
1 Pipistrelle était visible dans les combles d’un bâtiment communal de Thezy-Glimont, se cachant entre les linteaux et dans les fissures. Comme pour les autres cas, la quantité de guano laisse à penser que d’autres individus sont présents.
Une colonie de plus de 200 Murins à oreilles échancrées est installée dans une grange d’un propriétaire privé à Pissy. Présente depuis une dizaine d’années, la colonie est installée dans la partie sombre de la grange. Quelques jeunes étaient visibles.
Ainsi ces quelques découvertes ont permis de voir tout les aspects permettant la protection des chauves-souris, en améliorant les connaissances sur les espèces présentes sur le territoire mais aussi en sensibilisant les propriétaires pour faciliter la cohabitation avec les chauves-souris. En effet, le SOS chiros, l’opération refuge et la contractualisation des gîtes avec le Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie permettent de voir les actions mises en œuvre.
Ce stage m’a permis d’approfondir mes connaissances et de mettre en pratique mes connaissances théoriques apprises à l’université. En espérant que les données récoltées permettent à l’association d’approfondir les connaissances sur les exigences des chauves-souris sur le territoire d’Amiens métropole.
Un grand merci à toute l’équipe de l’association qui m’a permis de participer à leurs recherches, qui m’a fait participer à de nombreuses activités variées, et notamment à Lucie Dutour, ma maître de stage, qui a été d’une grande aide tout au long du stage ainsi que Gratien Testud du Conservatoire d’Espaces Naturels de Picardie. Merci également aux bénévoles qui ont apporté leur contribution.
Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
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