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PRA Chiroptères : Diagnostic des bâtiments

Publié le 10 avril 2024 par Sophie DECLERCQ

Comment diagnostiquer les chauves-souris d’un bâtiment ?

En Hauts de France, la DREAL pilote du PRA Chiroptères a lancé, avec Picardie Nature et la CMNF, le rythme d’une journée technique dans l’année et d’une journée COPIL l’année suivante.

Le 12 mars 2024, s’est tenue la 1ere journée technique dédiée au « Diagnostic des chauves-souris des bâtiments ».
53 professionnels représentaient la diversité des acteurs actuels sur les inventaires chiroptères en bâti (10 associations, 14 bureaux d’études), ainsi que des représentants de Services de l’Etat et CSRPN (4) qui instruisent les dossiers de dérogation et d’études d’impact. Nous les remercions vivement de leur présence.

Bien que dans le jargon naturaliste il s’agit d’inventaire, appliqué au domaine du bâtiment, il est important que les termes parlent aux acteurs du bâti. Aujourd’hui, un projet immobilier demande une quirielle de diagnostic (amiante, plomb, performance énergétique...). Les résultats de nos diagnostics espèces protégées ont des incidences sur les projets immobiliers, et de ce fait, doivent prendre place au même titre.

La loi prévoit la protection réglementaire des individus et gîtes utilisables des espèces protégées (détail dans la plaquette dédiée). Lorsque des travaux d’intérêt public majeur sont nécessaires, des dispositions existent pour y déroger sous conditions de la séquence ERCA.
Cependant, le diagnostic espèces protégées n’étant pas obligatoire pour chaque projet, aujourd’hui les espèces sont prises en compte au bon vouloir des maîtres d’ouvrages, ou lors de découverte de chantier en cours avec les conséquences difficiles d’arrêt de chantier et procédure avec la Police de l’Environnement. Ceci au détriment des espèces malheureusement.

La diversité d’acteurs apportent une richesse en terme de pratique et d’expérience. Pour un traitement juste minimal des espèces, et pour un climat sein de choix de structure par un maître d’ouvrage, il est essentiel de définir une méthode élémentaire pour diagnostiquer les chauves-souris (sans oublier les autres espèces protégées et/ou patrimoniales).

La matinée fut consacrée à poser un socle commun sur les espèces du bâti
>>> De quelles espèces parle-t-on ?

  • Des espèces communes, à ce jour, les moins étudiées, mais qui se rencontrent la plupart du temps dans les projets.
  • Des antrhophiles strictes : toute l’année elles utilisent DES bâtiments, au cours de l’année, elles changent de bâtiment et changent d’endroit dans le bâtiment (comble, rampant, mur...). Il s’agit de la Pipistrelle commune, la Sérotine commune par exemple.
  • Des antrhopophiles mixtes : connues pour être arboricoles, mais elles utilisent aussi des bâtiments toute ou partie de l’année. Des exemples : Noctule de Leisler, Murin à moustaches, Barbastelle d’Europe, Oreillard roux....

>>> De quels bâtiments parle-t-on ?
Tous ceux que chacun d’entre nous voit dans son quotidien, dans notre trajet domicile/travail, dans les logements (pavillons individuels, maisons mitoyennes, semi-collectif, immeubles..), les établissements scolaires, les grandes surfaces, les bâtiment administratifs. Contexte urbain ou campagnard.
Lorsqu’il est possible de se distraire, de parcours prendre un bol d’air, nous verrons alors les anciennes friches industrielles, anciens hôpitaux, anciennes belles demeures, tous ces sites où l’activité humaine s’est arrêtée, où les bâtiments ont été laissés à libre évolution, dans un environnement qui s’est reboisé, et que les espèces du secteur ont colonisé.
Parmi ces projets, certains sont soumis à étude d’impact, d’autres non.
Cependant tous les projets sur le clos et le couvert risquent de produire des impacts sur la biodiversité. La légitimité des travaux est juste : revoir l’isolation thermique pour améliorer le confort des usagers et permettre les économies d’énergie, ou encore restaurer un bâtiment pour accueillir une nouvelle activité économique : il est essentiel que ces projets de rénovation respecte la biodiversité.

>>> Qu’est ce qu’un enjeu chiroptères d’un bâtiment ?
Un diagnostic doit établir : la ou les espèce(s) présente(s), leur effectif, type de gîtes présents (hibernation, regroupement estival de maternité, regroupement estival, transit intersaison).

Exemple : un immeuble accueille une maternité de 100 Pipistrelles communes dans ses murs, est aussi un site d’hibernation et de transit : il est utilisable et utilisé toute l’année.

Exemple : une résidence de 10 maisons mitoyennes présente des indices de présence de chauves-souris dans les 10 combles perdus : la population de chauves-souris utilise le réseau de 10 gîtes, de 10 maisons (combles perdus et murs) où un ou des groupes se forment selon la météo au fil de l’année.

Exemple : un ancien hôpital en forêt accueille une maternité de Petit rhinolophe dans les combles et étages du été, est aussi un site de transit intersaison, et ses caves -si favorables- sont surement le gîte d’hibernation.

Sur ces 3 situations, il est nécessaire de traiter différemment chaque cas selon l’enjeu et les travaux prévus.

>>> Quelles méthodes sont à notre disposition pour diagnostiquer l’enjeu chiroptère d’un bâtiment ?
Une boite à outils fut proposée à la salle, elle fut amendée de compléments.
Elle est utile aux diagnostiqueurs, pour choisir les méthodes permettant de répondre à leur projet, mais également aux Services de l’Etat, pour les aider à évaluer si un diagnostic a été mené correctement.

L’après-midi, des groupes de travail se sont constitués autour de 5 sujets :

  • maisons individuelles et semi-collectifs
  • immeubles
  • châteaux et belles demeures
  • bâtiments administratifs
  • anciennes friches industrielles

Chaque groupe a produit une méthode d’inventaire pour identifier l’enjeu chiroptère de son bâtiment.
Entre prospection diurne estivale, inventaire acoustique, prospection d’hibernation ou investigation au moment de la dépose d’un bâtiment : le choix est vaste sur les méthodes à associer, et selon les cortèges d’espèces recherchées.

Et demain, que se passera-t-il ?
La boîte à outils enrichie et les productions harmonisées seront soumises au CSRPN Hauts de France pour diffusion auprès des structures du réseau et Services Instructeurs.

Le acteurs de la journée ont émis le besoin de formations :

  • pour les professionnels : les espèces des bâtiments, les diagnostiquer ?
  • pour les jeunes : écodiagnostiqueur un nouveau métier ?

Au niveau national, que se passe-t-il ?
Ce sujet "Meilleure prise en compte des espèces en bâtiment" est en plein essor.
Au sein de la SFEPM, un groupe de travail dédié à la Rénovation en bâti s’est lancé. L’enjeu est de proposer une méthode pour le national. Aussi les productions des Hauts de France sont une 1ere base qui alimentera le réseau national.
Au sein de la LPO, un guide biodiversité dans le bâti traitant des hirondelles et martinets, s’étend dorénavant aux moineaux et chauves-souris.

Contacts
DREAL Hauts de France Fanny FILIPPA fanny.filippa@developpement-durable.gouv.fr
Picardie Nature Sophie DECLERCQ sophie.declercq@picardie-nature.org
CMNF Vincent COHEZ v.cohez@cmnf.fr

Photos : DREAL Hauts de France, Picardie Nature, CMNF


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