Études et inventaires de terrain

Comptage International des oiseaux d’eau 2024

Publié le 30 janvier 2024 par Clémence
Les oiseaux d’eau ont été recensés en Picardie

Un comptage d’ampleur s’est déroulé le week-end des 13 et 14 janvier : le recensement international des oiseaux d’eau, “International Wetlands” (Zones humides internationales), coordonné dans notre région par l’association Picardie Nature.

Pas moins d’une cinquantaine d’observateurs, la plupart ornithologues avertis et bénévoles, ont sillonné la région Picardie, à la recherche des Oiseaux d’eau, qui englobent les grèbes, les anatidés (canards, cygnes, oies), les ardéidés (hérons, aigrettes, spatules) et les limicoles (bécasseaux, chevaliers, courlis, huîtrier-pie, bécassines…), puis compilé leurs résultats.

L’objectif de cette opération : apprécier l’évolution des populations d’oiseaux d’eau et suivre l’importance relative de leurs différents sites d’accueil.

Plus de 700 sites propices aux oiseaux recensés en Picardie

Dans notre région, c’est ainsi près de 700 sites Wetland, visités annuellement pour certains depuis 1967 et en moyenne depuis 1980. Ils sont répartis sur l’ensemble du territoire, allant des étangs de Thiérache à la Baie de Somme en passant par les vallées de la Somme, de l’Oise, de l’Aisne, du Thérain, etc.
Ce comptage est fait par une majorité de bénévoles naturalistes, mais aussi grâce à la coopération avec d’autres associations locales comme le CPIE des Pays de l’Aisne, la LPO Aisne, la Station Ornithologique des Marais de Sacy ou les organismes gestionnaires de ces zones humides comme l’Agglomération du Saint-Quentinois.

En Picardie maritime, avec l’appui du Syndicat Mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard, gestionnaire de la Réserve Naturelle Nationale de la Baie de Somme, différents comptages concertés ont mobilisé pas moins de 15 observateurs, tous ornithologues confirmés.

En attente du bilan définitif qui sera produit dans quelques semaines et compilé avec les résultats des homologues français et européens, quelques chiffres et faits marquants sont à retenir :
- Plus de 65 000 oiseaux d’eau ont été comptés incluant plus de 17 000 canards et oies, 16 000 foulques et poules d’eau, 15 000 limicoles, 1600 grèbes, 800 ardéidés... ;
- Plus de 2000 données naturalistes ont été collectées et vont alimenter les bases de données naturalistes dont Clicnat, base de données de référence pour l’ancienne région Picardie ;
- 1 Pygargue à queue blanche a été observé à plusieurs reprises entre les Marais de Sacy et les étangs autour de Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise ;
- 3 Plongeons imbrins, espèce plutôt littorale, ont été observés à l’intérieur de la région, ce qui est la traduction d’un afflux plus général en Europe de l’ouest cet hiver ;
- une vague de froid aura fait arriver du Nord et/ou de L’Est quelques Cygnes de Bewick et des espèces de canards nordiques peu présentes chez nous d’ordinaire,
comme des Harles bièvres, des Harles piettes, des Macreuses brunes, des Garrots à oeil d’or, ou encore quelques Fuligules milouinans, dont les effectifs hivernant en France ont fondu au cours des dernières décennies en lien avec le changement climatique,
- des espèces de canards nord-américains, exceptionnelles dans la région, amenées par les tempêtes de l’automne ont poursuivi leur séjour : Fuligule à bec cerclé et Fuligule à tête noire.

Comme chaque année, ce sont les espaces protégés et en particulier les zones humides littorales bénéficiant d’un statut de réserve, qui ont accueilli le plus grand nombre d’oiseaux.

Les espaces littoraux et arrière-littoraux, stratégiques pour de nombreux oiseaux d’eau mais pas épargnés par le froid.

Ainsi plus de 40 000 oiseaux ont pu être comptés en Picardie maritime, zone
particulièrement importante pour des espèces telles que le Plongeon catmarin ou la Macreuse noire (qui hivernent en mer), le Tadorne de Belon qui séjourne avant tout dans la baie de Somme, ainsi que pour de nombreuses espèces d’échassiers, allant des Cigognes et Spatules blanches pour les plus grandes aux très modestes Bécasseaux variables (près de 7000) ou sanderlings (environ un millier), en passant par les Huîtriers pies (plus de 5000), les Courlis cendrés (environ 1400) ou les Barges à queue noire.

Sur ce littoral, le gel majoritaire, voire total, de certains sites (Parc ornithologique du Marquenterre, réserve de Grand-Laviers) a provoqué la fuite d’une grande partie des oiseaux vers les rares espaces présentant de l’eau libre : station de lagunage de Fort-Mahon, ou espaces estuariens en particulier.

Zone industrielle d’Amiens : un dortoir accueillant !

A Amiens, la zone industrielle a accueilli un très important dortoir de Goélands argentés, probablement l’un des dortoirs continentaux les plus importants de France : le 18 janvier, plus de 7700 individus sont venus dormir dans cet espace industriel après s’être nourris essentiellement sur les installations de stockage de déchets des environs (Boves et Thieulloy-l’Abbaye). Ces oiseaux sont en provenance de l’Europe entière,particulièrement d’Europe du Nord et pour beaucoup partiront rejoindre leurs lieux de nidification dans les semaines à venir.

La réserve de l’Ois’eau, un exemple de réaménagement écologique d’anciennes gravières.

Ce site, situé dans une boucle de l’Oise sur la commune de Pont-Saint-Maxence (60) est un exemple de réhabilitation écologique réussie d’anciennes gravières créées par l’exploitation de granulats.
Il a été racheté par l’Entente Oise-Aisne et réaménagé avec le soutien de l’Agence de l’Eau Seine Normandie. Ce site est protégé, non chassé et accueille donc de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau. On peut par exemple citer le Canard souchet, dont le site, avec près de 250 individus, accueille le plus important effectif du département, les Canards colvert, pilet, chipeau, la Sarcelle d’hiver ou encore les Fuligules milouin, morillon et le rare et protégé Fuligule nyroca. Le Pygargue à queue blanche, en expansion en Europe de l’Ouest profite de l’affluence des canards, sa nourriture favorite, pour y chasser. Preuve de la tranquillité du site, les grands cormorans l’ont choisi comme dortoir avec 180 individus comptés.

Tous ces hivernants viennent d’horizons variés, les plus lointains (en dehors des égarés américains) venant du Groënland, d’Islande, ou de Sibérie.

L’ensemble de ces comptages réalisés en France sous l’égide de la Ligue pour la Protection des Oiseaux France (LPO France) alimente une base de données internationale qui permet de mettre en évidence des tendances évolutives des populations d’oiseaux d’eau tout en révélant l’importance de certains territoires dans leur conservation.

La dernière synthèse nationale est accessible à partir du lien suivant :
https://www.lpo.fr/media/read/28339/file/SyntheseWetland2023_compressed.pdf

Plus d’informations sur le comptage Wetlands :
https://www.lpo.fr/la-lpo-en-actions/connaissance-des-especes-sauvages/suivis-ornithologiques/oiseaux-d-eau/wetlands-international

Contacts :
Pour l’ensemble de la Picardie : Valentin Condal, valentin.condal@gmail.com
Charline Lefèvre, charline.lefevre60@orange.fr
Pour la Picardie maritime et Amiens : Thierry Rigaux rigaux.th@gmail.com

Photos proposées :

Canards pilets et souchets, Sarcelle d’hiver, Parc Ornithologique du Marquenterre, Photo : Valentin Condal

Bécasseau sanderling, Baie de Somme (80), Photo : Valentin Condal


Deux observateurs dénombrant les Goélands lors de leur retour au dortoir de la zone industrielle d’Amiens. Photo : Thierry Rigaux

Hérons garde-boeufs transis par le froid et la neige qui rendent leur nourriture beaucoup moins accessible. Photo : Thierry Rigaux

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