Vie du réseau

Pendant le confinement, les bénévoles de Picardie Nature continuent d’étudier les oiseaux depuis chez eux !

Publié le 30 avril 2020 par Marine Boes, Thomas Hermant

Depuis près d’un mois maintenant, des bénévoles de Picardie Nature se sont associés pour mettre en place une expérience assez inédite : le recensement concerté des oiseaux depuis leurs lieux de confinement. C’est donc un véritable réseau d’ornithologues, débutants à confirmés, qui observent quotidiennement les oiseaux depuis jardins et balcons à travers la Picardie et partagent leurs observations.

Durant des créneaux de 20 minutes communs à tous les observateurs et observatrices, à raison d’un à deux par jour, des bénévoles prennent place avec leurs jumelles pour scruter le ciel et les alentours afin de recenser toutes les espèces qu’ils parviennent à voir et à entendre depuis leur balcon ou leur jardin. Voici l’initiative prise fin mars par quelques habitants de la périphérie Amiénoise. Et face à la réussite de ce qui au départ n’était qu’un jeu entre amis, l’expérience est alors proposée plus largement début avril à l’ensemble des passionnés d’oiseaux de l’association. Très vite, le suivi génère de nouveaux adeptes et se développe aux quatre coins de la région. Aujourd’hui, ce sont près de trente passionnés qui, de chez-eux, prennent le temps chaque jour d’observer et d’écouter la nature « à leur porte », celle qu’on appelle bien souvent la biodiversité ordinaire (Livret la biodiversité dans notre quotidien : http://l.picnat.fr/qsx).

Des objectifs pas seulement scientifiques :
Les objectifs de ce suivi sont variés et contrairement aux études habituelles, l’objectif numéro un n’est pas tant scientifique que social et formateur ! En effet, l’idée est avant tout de permettre au plus grand nombre de participer et de s’évader l’espace de quelques instants chaque jour pendant cette période compliquée de confinement. Et cela contribue également à l’acquisition de connaissances sur nos amis à plumes. L’absence de déplacement, la diversité des plages horaires proposées et la simplicité du protocole sont autant d’éléments visant à permettre à une majorité de personnes de prendre part à cette expérimentation. Et la participation à ce suivi présente bien d’autres intérêts :

  • prendre le temps de maintenir ou d’améliorer ses compétences en termes d’identification des diverses espèces d’oiseaux, que ce soit à vue ou, pour les plus aguerris, à l’oreille,
  • permettre aux bénévoles de conserver une activité naturaliste digne de ce nom, certains ayant pour habitude d’effectuer des inventaires très réguliers en pleine nature pour améliorer la connaissance sur la biodiversité et contribuer à sa préservation, mais n’étant plus en mesure de le faire,
  • apprendre ou réapprendre à regarder et à écouter la faune qui nous entoure quotidiennement,
  • retrouver le plaisir simple de s’émerveiller en observant cette nature que nous avons parfois laissé de côté, à savoir la biodiversité qui vit « à notre porte » et que nous croisons tous les jours, sans faire des dizaines, centaines, voire milliers de kilomètres nocifs pour l’environnement,
  • mettre en place des temps alliant à la fois décontraction et attention soutenue générant une stimulation intellectuelle en cette période où le confinement peut limiter le panel d’activités accessibles aux uns et aux autres.
  • s’engager dans une démarche collective et de partage des observations, permettant de maintenir un lien social entre amoureux de la nature, mais également, pour les plus novices, de trouver conseil auprès d’ornithologues plus chevronnés.

Nulle question donc ici de challenge et encore moins d’obligation de résultats ! On observe et écoute, immobile, ou en se déplaçant au maximum dans un rayon de 20 mètres pour celles et ceux qui ont la chance de disposer d’un jardin, et on note toutes les espèces d’oiseaux que l’on entend et que l’on voit. Puis, grâce à un système de tableur collectif en ligne, on partage avec les autres participants la liste d’espèces recensées sur chaque créneau de 20 minutes. Parallèlement à cela, les observations sont également transmises par chaque participant dans la base de données régionale sur la faune sauvage : www.clicnat.fr.

Des résultats remarquables :
Même si, comme cela était évoqué précédemment, les attentes en termes de résultats ne sont pas du tout une priorité de cette enquête, les participants se sont toutefois vite pris au jeu et les résultats obtenus sont finalement assez remarquables pour être signalés. À ce jour, ce sont déjà près de 700 inventaires qui ont été réalisés, ce qui représente plus de 230 heures de suivi cumulées pour un total de 107 espèces recensées à travers la Picardie.

Parmi ces dernières, nous trouvons bien évidemment en tête de liste des espèces classiques des zones habitées par l’Homme. Le top 10 des espèces les plus souvent contactées est ainsi constitué du Merle noir, du Pigeon ramier, de la Tourterelle turque, du Pinson des arbres, du Moineau domestique, de l’Étourneau sansonnet, de la Mésange charbonnière, du Verdier d’Europe, de la Fauvette à tête noire et de la Mésange bleue. Mais on compte aussi parmi les 107 espèces observées des signalements d’oiseaux plus rares. L’observation d’un Balbuzard pêcheur depuis un balcon à Compiègne et depuis un jardin à Remaucourt, d’un Milan noir à Crépy-en-Valois, la Chevêche d’Athéna entendue à Ramicourt et Warloy-Baillon, le Faucon pèlerin aperçu à Amiens, le Busard des roseaux décelé depuis un appartement à Fère-en-Tardenois, le Merle à plastron observé sur 3 sites, le Traquet motteux vu à Wiencourt-l’équipée, la Cigogne blanche régulière à Boves, le Martin pêcheur à Acy et Séry-Magneval, le Loriot d’Europe à La Rue-Saint-Pierre en sont quelques exemples.

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Accenteur mouchet - T. Decouttere

Un bilan global de cette expérience sera effectué quand l’opération prendra fin et on peut d’ores et déjà imaginer en tirer une analyse statistique sur les observations faites en fonction des conditions météorologiques, des créneaux horaires, etc.

L’opération doit durer encore au moins 15 jours, mais il est probable qu’elle puisse se poursuivre ensuite selon les modalités de déconfinement définies pour la Picardie et si le télétravail continue d’être encouragé.

Toute personne qui aime observer les oiseaux en Picardie, novice ou expérimentée, peut rejoindre à tout moment cette expérience participative. Pour cela, il vous suffit de nous contacter à : thomas.hermant@picardie-nature.org

Se donner à nouveau le temps d’observer la faune qui nous entoure et de s’émerveiller face au spectacle de la nature est un premier pas vers une reconnexion à notre environnement plus que jamais menacé !


Partager : http://l.picnat.fr/rdb

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