Protection des busards

Mini reportage : La protection des jeunes Busard des roseaux (Circus aeruginosus) et Busard cendré (Circus pygargus) dans un champ d’escourgeon de la Somme

Publié le 13 août 2021 par Coralie Dal

Les busards, ces rapaces diurnes et gracieux sont reconnaissables à leur vol chaloupé, les ailes en forme de V en vol. De même, ils chassent en volant très bas au-dessus des champs. Nous pouvons les rencontrer dans les campagnes françaises où ils nichent au sol, leurs habitats naturels se faisant rares et étant détériorés (landes à bruyères, roselières, prairies ouvertes etc.). Ces rapaces sont spécialisés dans la capture des micromammifères et en capturent de grandes quantités. Ils constituent donc de bons auxiliaires des cultures agricoles puisqu’ils consomment majoritairement des espèces considérées comme ravageurs de cultures par les agriculteurs. A titre d’exemple, nous avons observé une femelle Busard cendré, que nous avons suivie cette année, attraper et consommer 3 petits rongeurs en moins de 5 minutes.

Femelle de Busard cendré (Circus pygargus)

Mâle de Busard cendré (Circus pygargus)

Femelle de Busard des roseaux (Circus aeruginosus)

Mâle de Busard des roseaux (Circus aeruginosus)

En France, les busards sont protégés par la loi du 10 juillet 1976 comme tous les rapaces. Ils sont également protégés au niveau international par arrêté ministériel et inscrits à l’Annexe 1 de la Directive « Oiseaux ». Ainsi, détruire une espèce protégée entraîne un risque de poursuites judiciaires pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 150 000 euros d’amende. La protection de ces rapaces s’avère essentielle pour contrer leur déclin et il a été montré qu’elle s’avère efficace. Le suivi de la population de Busard cendré sur le territoire français montre que sa protection permet de sauver un tiers des jeunes à l’envol.

Dans le cadre de mesures d’accompagnement à la sauvegarde des nichées de Busards pour un parc éolien d’EnergieTEAM, Picardie Nature a mis en œuvre la protection de deux nichées, l’une de Busard cendré, l’autre de Busard des roseaux. La découverte de ces dernières a eu lieu en mai. Suivis par des salariés, principalement Vincent Acloque (Technicien faune) et Sébastien Legris (Chargé d’étude scientifique faune sauvage) ainsi que par des bénévoles de Picardie Nature, notamment Maxian Maradenne, les jeunes busards dont je vais vous parler ont connu quelques péripéties. En effet, le début de leur vie dans les champs n’a pas été de tout repos avec les prédateurs qui guettent et le risque de passage sous la barre de coupe de la moissonneuse-batteuse avant leur envol. Heureusement, avec l’accord de l’agriculteur, des carrés grillagés ont été installés autour des nids afin de leur laisser le temps de grandir. Ainsi, après la moisson, le carré non moissonné reste en place quelque temps, les gardant à l’abri dans leur nid où leur mère vient les approvisionner en nourriture.

Pose d’un carré grillagé autour du nid de Busard des roseaux avant la moisson

La moisson du champ où sont localisés les deux nids s’est déroulée le 17 juillet sous un soleil marquant tous les protecteurs de sa brûlure. Compte tenu de leur jeune âge, les juvéniles Busard des roseaux sont restés à l’abri dans leur nid pendant que l’agriculteur a moissonné. En revanche, 2 jeunes Busard cendré volants se sont éloignés d’eux-mêmes du nid et de la moissonneuse, nous rassurant tous sur leur avenir et nous évitant de leur courir après pour qu’ils ne passent sous la lame. Le petit dernier de la fratrie, ne volant pas encore mais risquant de grimper par-dessus son carré protecteur par panique, a été attrapé afin d’être abrité le temps de la moisson.

Nourrissage du jeune de Busard cendré pendant la moisson

Jeunes de Busard des roseaux au nid pendant la moisson

Nid de Busard cendré pendant la moisson

Jeune de Busard cendré replacé dans le nid après la moisson

Aujourd’hui, en rédigeant cet article, j’ai appris avec grand plaisir que celui-ci est volant depuis hier. Le suivi de nos jeunes Busard cendré s’achèvera donc bientôt, emportant avec lui nos inquiétudes. Quant aux jeunes roseaux, il leur faudra encore 2 semaines pour gagner leur autonomie complète.

La protection des busards, c’est intense, tant physiquement qu’émotionnellement. C’est aussi beaucoup de temps passé sur le terrain et cela demande une grande disponibilité mais l’expérience nous touche à coup sûr et reste merveilleuse !

Le 24 juillet 2021, par Coralie Dal - Coordinatrice stagiaire sur la redynamisation du bénévolat à Picardie Nature.


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